Comment pouvez-vous définir l’intelligence économique?
L’intelligence économique vise la maîtrise de l’information économique stratégique. Elle désigne un ensemble coordonné d’actions de collecte, d’analyse, de valorisation, de diffusion et de protection d’informations utiles aux acteurs économiques, afin de renforcer leur compétitivité. Elle permet une gestion optimale de l’information stratégique.
Sa démarche repose sur trois piliers:
* La veille stratégique sur les évolutions économiques d’intérêt majeur;
* La sécurité économique des entreprises et la protection de leur patrimoine physique, humain et immatériel (propriété intellectuelle, déstabilisation, réputation et image…);
* Le développement de l’influence (ou le soft power), via des actions externes de communication et de lobbying, visant à impacter le marché.
Y a t-il des obstacles à l’essor de l’intelligence économique en Tunisie?
Bien évidemment… Les entreprises tunisiennes n’ont pas de tradition de collaboration ou de mutualisation de leurs expériences ou de leurs compétences sur les marchés extérieurs. Les administrations aussi sont très cloisonnées et continuent de fonctionner en silos, notamment au niveau des segments d’un même département ministériel. Une véritable muraille de Chine se dresse parfois entre les directions générales relevant d’un même département. Une conception étriquée et caricaturale du secret professionnel, couplée à un déficit chronique de communication interne finissent par rendre les services étanches et imperméables les uns aux autres. Donc, il est indispensable de formaliser un processus administratif et organisationnel qui permettrait de capter et de capitaliser les gisements et de les mettre à la disposition des décideurs économiques et politiques. Il s’agit de favoriser une prise de conscience globale, auprès de tous les acteurs, de la possibilité de faire avancer le paquebot Tunisie, qui navigue dans des mers tumultueuses, dans la direction de la croissance, de la prospérité et du progrès, tout en poursuivant leurs objectifs respectifs.
Dans ce cadre, s’inscrit la création de l’ Association tunisienne d’intelligence économique (ATIE).
Présentez-nous votre association.
Il s’agit d’une association à but non lucratif, dédiée à l’intelligence économique. Consciente des enjeux et de l’apport de ce processus, en tant que facteur décisif de compétitivité, dans la connaissance, l’anticipation et le décryptage des turbulences d’un environnement en perpétuel mouvement dans un contexte de mondialisation, l’ATIE a pour mission la promotion et la diffusion de la culture de l’intelligence économique et son appropriation par les divers acteurs économiques nationaux, publics et privés.
A travers la constitution d’un réseau d’experts universitaires, décideurs, hauts fonctionnaires, diplômés… elle leurs offrira un espace privilégié de rencontres et de débats.
Elle a vocation à se constituer en un pôle de compétence et une plateforme d’expertise en la matière et de contribuer à enrichir la réflexion et le débat économique national.
Quels sont vos objectifs?
Nous avons pris l’initiative de créer l’ATIE pour concrétiser les objectifs suivants:
• La promotion et la diffusion de la culture de l’intelligence économique et la sensibilisation des opérateurs publics et privés à ses enjeux en termes de compétitivité et de sécurité économique;
• La mise en place d’une politique publique d’intelligence économique et la création de synergies avec tous les acteurs économiques publics et privés, et ce à travers l’échange et la capitalisation des connaissances et les expertises;
• L’assurance des cycles de formation en intelligence économique aux acteurs intéressés;
• La promotion et la valorisation des métiers de l’intelligence économique;
• L’établissement des liens de coopération internationale, en vue d’un échange de savoirs et d’expertise;
• La vulgarisation d’un certains nombre d’actions et d’évènements.
Inerview réalisé par Imen Zine -* paru à l'Economiste Maghrébin au 5/4/2012
Inerview réalisé par Imen Zine -* paru à l'Economiste Maghrébin au 5/4/2012